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Czerny, Liszt et Beethoven

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La première fois qu’Adam Liszt présente son fils Franz à Czerny c’était en 1819, Liszt n’avait que 7ans et demi. Il fut impressionné par ses capacités et se mit d’accord avec Adam pour se charger de son éducation pianistique s’il revenait à Vienne un an plus tard et lui donna quelques conseils de travail.

 En 1820, Liszt revient à Vienne avec son père et comme convenu Czerny va lui donner des cours sans le faire payer, en raison du manque de moyens de son père mais surtout parce qu’il fut impressionné par ses capacités.

Voici ce qu’écrivit Carl Czerny à propos du petit Franz :

« Je n’ai jamais eu d’élèves aussi zélé aussi génial et aussi appliqué. En peu de temps, il joua les gammes dans tous les tons avec toute la magistrale vélocité que ses doigts - d’une organisation hautement favorable pour le piano-rendaient possible (....)  Si bien que non seulement je lui donnai des leçons entièrement gratuites, mais qu’également je lui procurai tout la musique alors existante qui pouvait lui être utile. »

Le petit Liszt passa 14 mois avec le maître mais Adam semble-t-il, à court d’argent, l’enleva pour qu’il puisse donner des concerts, ce que Czerny reprochera plus tard au père, lui disant vouloir exploiter son fils.

En 1823, Czerny tenta de présenter Liszt à Beethoven. Cette rencontre a fait l’objet de diverses versions et fit naître la légende du baiser de consécration. Nous pouvons nous en tenir à la version de Liszt qu’il confia à l’un de ses amis 50 ans plus tard tel que reporté dans le Franz Liszt d’Alan Walker.

 « J’avais environ 11 ans lorsque mon vénéré Maître Czerny me conduisit chez Beethoven … » après l’avoir écouté, Beethoven l’embrassa sur le front et lui dit :

« Va, tu es un heureux ! Car tu apporteras joie et bonheur à beaucoup d’autres. »

 

Liszt sera reconnaissant toute sa vie à Czerny pour son excellente formation. Il le familiarisa, nous dit Gut, avec la tradition germanique la plus belle et la plus noble, Bach, Mozart, Hummel, Beethoven.

FQM liszt-franz.com

Pour approfondir votre connaissance de Czerny, accédez à l'article d'Alain Bernon Cliquez ici 

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Lang Lang joue Czerny

Lang Lang "l'école de la vélocité"

 Czerny Op. 299, 1. Presto

Voir sur YouTube Cliquez ici 

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Carl Czerny : Piano Concerto N°.1 in D minor

Allegro molto agitato

Concession Naxos of America

Pour écouter  sur You Tube Cliquez ici

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Franz Liszt au piano

"Ein Matinée bei Liszt" -1846

Face à lui, Czerny et Berlioz 

Liszt et Sainte Cécile
L'histoire de Saint Cécile


   Ste Cécile qui vécut à Rome avait réussi à préserver sa virginité bien que mariée et  à convertir son mari et d´ autres au christianisme ce qui lui valut d'être condamnée à mort. Le légende raconte qu’ allant au martyre elle entendit une musique céleste. Cette anecdote en fera la patronne des musiciens .

 En 1585,  quelques siècles après, elle  fut faite  patronne de la fameuse Académie nationale de Rome consacrée à la musique, l’ une des plus anciennes sociétés musicales du monde qui gère aujourd’hui hui l’ Orchestre nationale de Sainte Cécile.

Cette consécration faite à Sainte Cécile, une femme, n’ a pas sauvé Maria Rosa Croccia (1759-1833) grande musicienne et compositrice italienne. En 1716 le Pape Clément Xl avait décrété que toute personne pratiquant la musique devait s´inscrire à l'Accademia et réussir l’ examen pour devenir Maître de Chapelle. A 16 ans Maria Rosa Croccia  réussit brillamment cet examen mais l’ entrée lui en fut interdit parce que femme. On y joua néanmoins quelques unes de ses pièces.

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 Liszt Écrivain et la Sainte Cécile de Raphaël 

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   Liszt y consacre la 11ieme Lettres d’ un Bachelier ès musique . Marie d’ Agoult l’ aurait écrite sous

l´égide de Liszt. La première fois que le couple vit ce tableau à Bologne en 1839, ils n’ en furent pas enchantés surtout Marie qui le critiqua vivement et Liszt à qui le visage de Ste Cécile ne plaisait pas trop. Or la surprise arrive lorsque quelques mois plus tard, Liszt et Marie écrivent la fameuse 11ieme lettre du bachelier, très élogieuse à l’ égard du tableau de Raphaël

Nous citons….

"je crus reconnaître un symbolisme admirable et complet de l’ art auquel nous avons voué notre vie.. "

"N’ eussiez - vous pas vu ainsi que moi dans cette noble figure le symbole de la musique à son plus haut degré de puissance".

Pourquoi, que s’ est il passé entre temps ? Ceux qui auront la chance de faire  le voyage en Italie avec Le conférencier, écrivain Jean-Claude Menou, pourront découvrir le tableau et peut être percer le mystère Voir le programme du voyage "Sur les pas de Liszt et Marie d'Agout en Emilie Romagne et Toscane en mai 2021"Pour en savoir plus  Cliquez ici 

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Liszt compositeur inspiré par Sainte Cécile

Deux œuvres :

 - La transcription pour piano de Liszt, librement inspirée de la Messe de Sainte Cécile de Gounod, que vous pouvez suivre tout au long de sa  partition Cliquez ici 

 - Une œuvre composée en 1875 pour soprano solo et orchestre, en langue française et très rarement interprétée, mais qui a été chantée par Karine Deshayes sous la direction de Laurence Equilbey, La légende de Sainte Cécile  Cliquez ici​

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Maria Rosa Coccia, 1759-1833 claveciniste et compositrice italienne

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Sainte Cécile par Raphaël

Cosima Liszt Wagner, comment déshériter sa fille, 
un sujet toujours d'actualité

Franz Liszt appelait sa fille « ma terrible fille » Le fut-elle  jusqu’ à déshériter sa propre fille Isolde, la première qu’elle eut avec R.Wagner tout en étant encore mariée et vivant avec son premier mari Hans Von Bülow qui reconnut Isolde, prêt à tout pardonner à Cosima ?

Isolde eut la fâcheuse idée d’épouser un chef d’orchestre suisse Franz Beidler qui risquait de faire de l’ombre à Siegfried, le dernier rejeton que  Cosima eut avec Wagner et l’unique de sexe masculin de ses cinq enfants *.

C’est donc à ce dernier, Siegfried qu’il incombait d’assurer une « digne » descendance d’autant qu’il a choisi de travailler dans le même secteur que papa, la musique et qu’il se piquait d’être chef d’orchestre comme Franz Beidler, mari d’Isolde. Il y en avait un de trop, ce fut Franz qui fut chassé de Bayreuth par sa belle mère Cosima. En 1909, Isolde très fâchée, intenta un procès à sa mère pour être reconnue fille biologique de Wagner, ce qu’elle était, et avoir sa part d’héritage. Hélas Hans Von Bülow l’ayant déclarée comme sa fille, elle fut déboutée. Cette affaire poussa enfin Siegfried toujours célibataire à 46 ans à se marier et à avoir des enfants. Ouf la descendance est assurée mais plus jamais on osa évoquer le nom d’Isolde sur la colline.

A lire Cosima Wagner, la maitresse de la colline  par Oliver Hilmes 

 

*Pour mémoire, les deux premières dont le père est Hans Von Bülow, Daniela  1860/1940 et Blandine 1863/1941 et les trois derniers dont le père est  Richard Wagner, Isolde 1865/1919, Eva 1867/1942 et Siegfried 1869/1930

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Liszt et Wagner

Cosima avec son fils Seigfried, le futur chef d'orchestre

Isolde, fille de Cosima, épouse de Franz Beidler, chef d'orchestre

Un sujet qui déchaîne parfois les passions. En effet, il y a encore quelques wagnériens passionnés (voire intégristes ?) qui opposent  Liszt à Wagner en mettant à mort le premier pour mieux glorifier le second ...
Sujet à mon avis bien stérile sur lequel je n' épiloguerai pas, ils sont  incomparables. 
Néanmoins, je soumets à votre réflexion la dernière page de l' avant-propos de Georges Liébert à la passionnante Correspondance Franz Liszt / Richard Wagner, édition Gallimard 2013,  présentée et annotée par Georges Liébert:

"aujourd'hui, si le canon de la littérature pianistique comprend plusieurs œuvres de Liszt, ses ouvrages symphoniques et choraux (...) ont presque disparu des programmes de concerts mais l’homme est quasiment sanctifié, tandis que Wagner dont les opéras ne quittent pas l’affiche, est diabolisé. Notre époque a donc plus d’indulgence pour les défauts et les faiblesses de Liszt que pour les qualités de Wagner. Puisse cette édition de leur correspondance contribuer à rétablir entre eux l' équilibre".
Et Liébert d' enchaîner dans une note en bas de page sur  l' œuvre en deux volumes  d' Alan Walker ...en la qualifiant « d' hagiographie lisztienne entachée de nombreuses erreurs ». Reprenant ainsi la critique de Serge Gut auteur d’un des livres concurrents intitulé Liszt.

Toujours dans la veine Liszt et Wagner : Les deux mages de Venise de Philippe André éditions Le Passeur 2015 qui conte « le récit du périple imaginaire de deux génies romantiques Liszt et Wagner dans le labyrinthe vénitien » Pour en savoir plus consultez sur le net « Luminesciences » le Blog de Jean-Pierre Luminet astrophysicien qui vous donnera vraiment envie de le lire. 

 https://blogs.futura-sciences.com/luminet/2015/02/22/les-deux-mages-de-venise-par-philippe-andre/

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 Jean-Yves Clément ; "Les romantiques étaient les premiers écologistes"Propos recueillis par Claire Julliard BIBLIOBS

Philosophe, musicien, auteur d’essais sur Liszt et Chopin, le co-fondateur du Passeur Editeur est aussi le directeur artistique du «Nohant Festival Chopin» présidé par Yves Henry. Dans le domaine de George Sand, au charme champêtre intact, celui-ci convie chaque année en juin et juillet des talents internationaux. A travers causeries-rencontres et spectacles littéraires et musicaux, la manifestation propose sa vision d’« un romantisme nature». Entretien avec Jean-Yves Clément. 

BibliObs. Qu’est-ce qui vous a conduit à reprendre ce festival, dont ce sera cette année la 52e édition ?

Jean-Yves Clément. Je suis depuis toujours amoureux de Chopin. J’allais chaque année comme en pèlerinage à Nohant, à une heure de Bourges où je suis né. Je m’imprégnais de l’atmosphère de ce lieu magique où il a composé ses plus grands chefs d’œuvre entre 1839 et 1947, à son retour de Majorque avec George Sand. Je n’imaginais pas alors reprendre un jour le festival ! Nous y avons été nommés ensemble en 1995, Yves Henry et moi.

Nohant c’est à la fois le piano, la littérature, l’art… on n’était pas trop de deux pour s’en occuper. A l’époque, la manifestation occupait les week-ends de juin. On l’a prolongée jusqu’au 24 juillet et on y a introduit des causeries avec des écrivains, des penseurs des musiciens, des comédiens, Jean-Claude Brialy, Régine Desforges, Françoise Chandernagor pour ne citer qu’eux. Par la suite j’ai aussi lancé «lesLisztomanias» à Châteauroux dans la même région En savoir plus.... Liszt est venu deux fois à Nohant, où George Sand avait créé de manière spontanée la première communauté naturelle artistique de l’histoire.

On sent chez vous une admiration pour George Sand…

Oui j’admire sa modernité, sa liberté d’esprit qui pouvait en remontrer à tous les hommes qu’elle croisait. Balzac, Flaubert ou Delacroix faisaient quarante heures de diligence pour rendre visite à cette femme d’un mètre cinquante qui les toisait avec affection. Cette romancière de valeur était dotée d’un incroyable magnétisme, d’une grande vivacité, d’une générosité d’âme et d’un sens de l’amitié inégalable. Elle était supérieure à tous ces hommes sur tous ces points.

Flaubert se faisait tout petit devant elle. Le Passeur republie leur correspondance en octobre. C’est une véritable leçon de vie. Dans cet échange entre deux génies, Sand a toujours le dernier mot avec sa vision de la vie, qui, pour elle, est plus grande que l’art. Les plus grands écrivains de l’époque la tenaient en grande estime. Balzac souhaitait qu’elle préface «La Comédie humaine». Hugo a fait son éloge funèbre.

Vous reconnaissez-vous dans le Romantisme ?

Oui, mais pas au sens convenu du terme. Le Romantisme est un mouvement de révolte contre l’ordre établi, il a parfois pris une tournure violente comme lors de l’insurrection de 1830. Liszt est allé au chevet des Canuts de Lyon, il est monté sur les barricades. Sand s’est engagée dans la Commune. Les Romantiques étaient des êtres audacieux, téméraires, rebelles, anti-bourgeois. Les valeurs qu’ils ont exaltées au XIXe siècle restent des valeurs éternelles. Je me sens proche de cette subjectivité romantique qui est au cœur de l’homme et qui a engendré des chefs d’œuvre. Pour le festival, j’ai inventé ce slogan de «romantisme nature» car les Romantiques étaient les premiers écologistes. Ils ont aimé la nature, y ont trouvé refuge et l’ont exaltée dans leurs œuvres

Le Domaine de Nohant à lui seul symboliserait-il ce mouvement ?

Oui, le lieu-dit est connu dans le monde entier. La gentilhommière a gardé son charme initial, sa simplicité. Sa grande bergerie a été rénovée, elle contient quatre cents places. C’est là que sont donnés les concerts. Les plus grands pianistes y sont venus: Cziffra, Samson François, Rubinstein. L’édition 2018 accueillera entre autres pianistes Fazil Say, Marc-André Hamelin, Seong-Jin Cho. Fabrice Luchini s’y produira pour un concert littéraire avec Henri Demarquette au violoncelle et Vanessa Benelli Mosell au piano. Pour son «récit initiatique» autour de Chopin, Eric-Emmanuel Schmitt sera accompagné par Nicolas Stavy au piano. Et Marie-Christine Barrault donnera une lecture musicale des romans champêtres de George Sand avec Yves Henry au piano. Grâce à eux, l’esprit de la Bonne Dame reste présent à Nohant.

Propos recueillis par Claire Julliard BIBLIOBS

https://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20180430.OBS5965/les-romantiques-etaient-les-premiers-ecologistes.html

Jean-Yves Clément a fait paraître en 2017 une édition revue et augmentée de son essai Les Deux Âmes de Frédéric Chopin (le Passeur Editeur)

Informations pratiques  :www.festivalnohant.com 

Gravure Maurice Sand - Domaine de  Nohant "Le Monde illustre" de 1857. 

"Il y a des heures où je m'échappe de moi, où je vis dans une plante, où je me sens herbe, oiseau, cime d’arbre, nuage, eau courante, horizon, couleur, formes et sensations changeantes, mobiles, indéfinies ; des heures où je cours, où je vole, [...], où je brille avec les étoiles et les vers luisants, où je vis enfin dans tout ce qui est le milieu qui est comme une dilatation de mon être". George Sand

George Sand

Festival Nohant Chopin

Chaque année en juin et juillet

www.festivalnohant.com

 Nicolas Dufetel : Richard Wagner par Franz Liszt

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Merci Nicolas, ce sont tout à fait les informations que nous apprécions pour la dynamique de ce  site. Un livre que nous allons vite acquérir en attendant la correspondance entre Liszt et le Grand-Duc de Saxe-Weimar

FQM

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"Chers amis, 

un grand bravo pour ces belles initiatives! Je réagis juste : il n’y a pas de « secret » de recherches, puisque justement, tout est publié publiquement! Vous en trouverez la liste ici (livres, articles) : 

 

http://www.iremus.cnrs.fr/fr/membres-permanents/nicolas-dufetel

 

Juste deux petites précisions: 1) je vous signale mon édition des textes de Liszt sur Wagner chez Actes Sud, avec un essai sur le rapport entre les deux musiciens, et 2) il n’y a pas de traduction à faire de La Mara : ses volumes (qu’on trouve en ligne maintenant, sur archive.org notamment) contiennent les lettres de Liszt dans les langues qu’il a utilisées (français et allemand). Malheureusement, ces volumes sont loin de contenir toutes les lettres qu’il a écrites, et La Mara a opéré des censures, modifications, etc. Je m’occupe actuellement de la correspondance entre Liszt et le grand-duc de Saxe-Weimar, Carl Alexander, 598 lettres (quand La Mara en a publié seulement 203 il y a un peu plus de 100 ans!). 

Au plaisir de vous retrouver aux Lisztomanias, avant la croisière! 

Bien amicalement". 

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Nicolas Dufetel

Franz Liszt et la science

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Liszt contemporain de Charles Darwin (1809- 1882), d' Alfred Wallace ( 1823-1913), esprit éclectique dans un siècle riche en découvertes et en progrès, l' électricité, la locomotive, le téléphone ... quels furent ses contacts avec les scientifiques, a-t-il eu connaissance des théories de Darwin, a t' il participé aux débats évolutionnistes  suite à la parution  en 1859 de l' Évolution des Espèces?
Ce sujet m' intéresse beaucoup, s'il a été  abordé dans l' une de vos lectures  je serais ravie que vous m' en donniez les références.

Allez à la rubrique "commentez/contribuez" et laissez votre message 

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FQM

Les femmes de Liszt, thème du festival des Lisztomanias de Châteauroux octobre 2023 

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Lisztomanias 2023, un très grand crû

Un avis  unanime au niveau de tous les spectateurs qui ont eu la chance d’ assister aux Lisztomanias 2023 « les femmes de Liszt » dont les concertistes  furent toutes des femmes. Cela nous a permis de constater qu’ il y a de grandes lisztiennes parmi les pianistes  d’ aujourd’hui qui, avec un supplément d’ âme et d’ engagement,  nous permettent  de goûter différemment les œuvres du grand compositeur .

Les Lisztomanias 2023 ont ainsi compensé le festival 2022 où il n’ y eut qu’ une seule invitée femme, Marie  Vermeulin.  Nous pouvons espérer que l’ an prochain, il y aura  la parité à Châteauroux comme elle existe pour d’ autres festivals consacrés à Liszt ainsi de  « Liszt en Provence » ou de la biennale Listz à Weimar.

Françoise Quédeville Marmey

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Vous avez besoin de vous remémorer la place des femmes dans la vie de Liszt Cliquez ici

Pour accéder au site internet des Lisztomanias de Châteauroux Cliquer ici

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Les très riches heures des Lisztomanias 2023

Le "billet" de Marie Hutin

               

Pouvions-nous imaginer au XIXe siècle un tel enchantement musical deux cents ans plus tard ? Pouvions-nous imaginer que  Franz Liszt, « la plus grande force musicale du XIXe siecle » selon Nicolas Dufetel, lors de cette rencontre internationale 2023 susciterait autant de considération et  d'échanges ?

Sous le signe de l'excellence, osons le dire, les Lisztomanias  ont eu à cœur , cette saison, d'aborder  le sujet des femmes  qui ont été proches de notre compositeur, ont œuvré pour lui, ont su transmettre sa mémoire et furent connues grâce à lui: Inspiratrices, épistolières, romancières ,... femmes aimées, créatrices, amies ,... femmes demeurées dans son rêve ...; élèves, disciples, « membres de la petite église dispersée » (1) , mécènes, confidentes ; femmes pianistes, compositrices, cantatrices,... soutenues par Liszt, encouragées, recommandées et admirées.

« Quand on ouvre une partition, on est devant du beau » (2) …

Au cœur  et à la source de notre séjour lisztien, les Cours d'Interprétation de Bruno Rigutto, épiphénomènes de sa réflexion et de son intériorité artistique, n'ont eu de cesse, à travers trois jeunes pianistes au féminin, de nous rendre plus familières encore  les œuvres jouées. Au sein de cette Chapelle où règne une alchimie toute lisztienne, l'exigence de l’interprétation transmise  par Bruno Rigutto fût dotée du don d'élever  le jeu sans jamais vouloir changer la particularité de chacune.

De Bach à Prokofiev, Rameau, Haydn, Chopin, Shumann, Liszt, Franck,Debussy , Ravel … Et pour terminer ce voyage musical  du XVIIe au XXe siècle, le Concerto n° 2 de Rachmaninov sur deux pianos, … moment intense, dans la pensée que nous étions de cette rencontre prévue  à la fin de l'année 1886 entre  F. Liszt et le tout jeune Rachmaninov et qui n'a  pu avoir lieu...

 

« Liszt est plus que la musique, Liszt va au-delà de la musique ».

Ces mots de Nicolas Dufetel nous invitent à nous pencher vers le regard qu'il nous propose, regard incarné, regard sensible sur l'homme qui rassembla en lui l'art virtuose, la création dans toute sa splendeur, l'écriture, mais aussi le questionnement intérieur, secret, constant,...

et l'élan spirituel, source intarissable  de son œuvre.

Tout ce qu'il porte en lui, il le donne. Et c'est ici que Nike Wagner dans un dialogue avec N. Dufetel nous a offert des éléments de réflexion précieux, indispensables à notre compréhension de l'histoire lisztienne et de Liszt lui-même. Les liens entre Liszt et Clara Schumann, éclairés par Brigitte François-Sappey, nous ont montré à quel point Liszt était non seulement concerné par les artistes de son époque, mais nourrissait des liens tangibles, affectueux, amicaux , reconnaissants.

 

La ville aux six pianos...

Les pianos de Vincent Bergerault, spécialement dédiés aux Lisztomanias, posés ici et là, au fil des évènements, en toute discrétion. De la Chapelle F. Liszt, au Saint Hubert, à l'Equinoxe et autres lieux, Châteauroux fait sonner  en son sein le rêve de Liszt et de George Sand.

Six pianos réglés avec finesse ont reçu la pensée musicale de pianistes, si différentes les unes des autres et dédiant à nos sens leur propre rencontre avec Franz Liszt, Clara Schumann, Sophie Menter, Adèle aus der Ohe, etc...

La reconnaissance de Franz Liszt pour  ses pères, les sources littéraires, spirituelles et émotionnelles dont il s'imprègne, l'envie d'être acteur de cette offrande musicale ravive en nous ce moment unique du récital d'Anne Queffelec, évoquant le monde dans lequel nous vivons , puis jouant dans un recueillement collectif –  silence absolu chargé de sens, des transcriptions de Bach, Haendel, ainsi que Scarlatti et Beethoven.

Le décor est posé. Tout au long de cette semaine d'octobre, les sons s'envolent puis retombent, s'enfouissent et se posent et viennent chercher en nous l'écho... tout comme peut-être nous cherchons en eux la vibration intérieure.

Noblesse de Véronique Bonnecaze dans Liszt , Chopin, Rachmaninov et Schubert … Fraîcheur et profondeur de Lynn Renouil-Hata, seize ans, en duo avec Eliane Reyes dans l'Elégie n° 1 pour violoncelle et piano de Liszt.

Enfin, dans un  partage chaleureux  de ce qui l'anime, Béatrice Berrut a joué cet « élan d'amour » de Robert pour Clara Schumann qu'est la sonate en fa dièze mineur op.11, intitulée « Pour Clara... », ainsi que les deux ballades de Liszt.

Toutes ces œuvres  aimées, travaillées et pensées venant s'unir au passé musical de la Chapelle Franz Liszt.

 

 Dans une mise en scène étincelante, sombre ou chatoyante , mouvante et parfois symbolique, les récitals de L'Equinoxe de Châteauroux ont suscité l'enthousiasme d'un public curieux , souvent connaisseur à qui était proposé l'argument d'un émerveillement nouveau.

Mariam Batsashvili, habitée par Liszt, théâtrale et authentique, nous a donné l'impression d'un jeu au delà du jeu, nous faisant peut-être approcher le sentiment de la « Lisztomanie » provoquée voici deux siècles par le jeu de Liszt lui-même...

Autre période de la vie de Liszt, tant espérée, tant attendue par lui-même, celle de l'écriture de son œuvre. « Les harmonies poétiques et religieuses », sous les doigts de Saskia Giorgini suggérant avec art l'atmosphère de chaque poème de Lamartine, de chaque prière. Son jeu, empreint de délicatesse, de profondeur, de vérité et de fluidité nous entraîne loin en nous-mêmes et au-delà de nous-mêmes dans cette vision poétique.

Enfin, les doigts de velours de Etsuko Hirose, irisent et scintillent, effleurent les touches dans la lumière dorée, éveillant notre admiration, retenant notre souffle, comme un rêve, entre temps et éternité, entre matière et immatérialité …

 

Les perceptions erronées et les légendes cèdent désormais la place à une appréciation nouvelle  de l'étendue de la personnalité de Liszt ainsi que de l'ampleur de  son oeuvre. Et pour conclure notre sujet, nous aimons à dire que les liens avec Marie d'Agoult d'une part, puis avec Carolyne de Sayn-Wittgenstein d’autre part, furent instigateurs d’une force créatrice considérable et indomptable.

« La musique de Liszt est une musique ouverte » nous dit Serge Gut, « il ouvre des voies, conclut N.Dufetel, qui ont permis à d'autres de s'en inspirer ».

Il y aurait encore tant à dire, mais il y eut tant à vivre !

Marie Hutin, membre de SPL

(1) : F. Liszt

(2) : B. Rigutto                              

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Marie Hutin

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Nicolas Dufetel et Nike Wagner

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Brigitte François-Sappey

Anne Queffelec 

Etsuko Hirose

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Françoise Quédeville Marmey

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