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Témoignages d'aujourd'hui  

A la rencontre d'artistes, musicologues, chercheurs, organisateurs de festivals... qui font part de leur rencontre avec Liszt et  nous aident  à mieux appréhender l'homme, sa créativité et son  immense talent !

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 Pascal Amoyel

"Quand j'avais 11 ans, j'ai rencontré Franz Liszt ... bien sûr pas le vrai Liszt... mais celui qu'on prenait alors pour sa réincarnation..."

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"Quand j'avais 11 ans, j'ai rencontré Franz Liszt... Bien sûr pas le vrai Liszt... mais celui qu'on prenait alors pour sa réincarnation : le pianiste György Cziffra.

Tout dans ses gestes, dans ses mimiques me faisait penser à ce qu'auraient pu être ceux du génial compositeur quand il jouait et j'avais le sentiment que ce qu'il m'enseignait était comme dicté par Liszt lui-même (le professeur de Cziffra avait été l'élève de Liszt...).

Un jour, chez mes grands-parents, je trouvai par hasard un petit livre dont l'image de couverture était celle d'un enfant qui me fixait. Ce livre racontait la vie d'un petit Franzy, âgé de 11 ans, frêle et fragile, qui donnait des concerts devant… le Roi de France !

Je fus tout de suite passionné par les aventures de ce petit prodige hors du commun et, au fur et à mesure que je suivais ses pas, je me familiarisais avec sa musique qui me soulevait le cœur et ressemblait tant à l'idée que je me faisais de lui. Le piano m'attirait alors de plus en plus et mon rêve devint bientôt de pouvoir faire comme Franz : donner des concerts.

A chaque âge,  je tentais de m'identifier à lui, le suivant dans les campements de tziganes, dans ses études, dans ses rencontres avec les grands artistes de son temps (Beethoven, Hugo, Balzac, Baudelaire, Musset, Lamartine, Lamennais, Delacroix...), et à travers toute la vie artistique de Paris entre les années 1820 et 1845. Je vivais avec passion comment il inventait le « récital », comment il révolutionnait le piano à un point de virtuosité tel qu'il fut comparé à un démon, ou encore, tel un peintre, la manière dont il composait ses œuvres transmettant au plus près toutes les sensations et les sentiments qu'il éprouvait.

Récemment, j’ai eu le désir de partager au public ma passion pour Liszt à travers mon spectacle, « Le jour où j’ai rencontré Franz Liszt », dont le travail prit trois ans de ma vie. J’y raconte le destin extraordinaire d’un homme qui, alors adulé par le public, les Empereurs et les Tsars, s'arrêta de donner des concerts en pleine gloire à l'aube de son trente-sixième anniversaire, donnant au monde la plus belle définition de la mission de l'artiste...

Au-delà de l'image éculée du romantique échevelé, du virtuose légendaire, c'est avant tout au visionnaire unique dans l'histoire de l'art qui parvint à condenser toute la destinée humaine dans sa musique que j’ai souhaité rendre hommage avec mes mots et mon piano".

Pascal Amoyel a présenté  son spectacle "Looking for Beethoven" au Festival 2020 des Lisztomanias à Châteauroux dont le thème est cette année "Beethoven et Liszt, Père et Fils"

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 Cyrille Dubois

"La beauté de la ligne, la complexité harmonique et contrapuntique de l'accompagnement, la richesse en terme de propositions de couleurs... rien n'est anodin chez Liszt "

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Pascal Amoyel

lien site web: Cliquez ici...

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 samedi 17 octobre 2020 au Festival des Lisztomanias à Châteauroux

voir extrait : Cliquez ici...

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Lorsque l’on évoque Liszt, dans la musique classique, ce qui vient immédiatement à l’esprit ce sont ces grandes pages virtuoses au piano d’une difficulté diabolique pour l’exécutant. Mais il en ressort une immense joie de recevoir cette musique ‘à l’état brut’ qui parle autant à l’esprit qu’à l’âme.

C’est exactement la même chose qui m’a frappé lorsque j’ai commencé, assez jeune dans ma formation lyrique, à aborder le répertoire vocal de Franz Liszt. Certaines mélodies sont à mon répertoire depuis plus d’une dizaine d’année et ont donc fait du chemin dans mon esprit en terme de réalisation et de construction. La beauté de la ligne, la complexité harmonique et contrapuntique de l’accompagnement, la richesse en terme de propositions de couleurs… rien n’est anodin chez Liszt, même si lorsque l’on écoute sa musique, il en ressort une forte sincérité.

L’autre aspect qui nous a intéressé est la pluralité des cultures que Liszt a embrassé tout le long de sa production mélodique. La culture allemande y tient une part prépondérante de part la proximité géographique de son pays d’origine, la Hongrie, mais européen avant l’heure, par ses voyages, Liszt a tenu à rendre ‘hommage’ à chacun des pays qu’il était amené à visiter par son travail, en composant dans la langue du pays. Et lorsque l’on est sensible au style propre à chacun de ces pays, on est frappé de voir à quel point son écriture tombe ‘juste’. La galanterie française, le romantisme allemand, le lyrisme italien… chaque force d’influence trouve son écho direct dans la musique de Liszt.

Pour avoir lu, toute la production de Lieder et Mélodies de ce compositeur, nous y avons trouvé une palette fascinante pour l’expression de notre sensibilité. D’autant plus que dans certains cas, Liszt étant un improvisateur de génie, il existait plusieurs versions d’une même œuvre. Ouvrant au maximum le champ des possibles.

Revenant au piano, Liszt trouvait une nouvelle inspiration pour une mélodie et la remettait sur le métier. On décèle à travers toutes ces facettes, un compositeur à la personnalité curieuse, un génie bouillonnant et un technicien hors pair. Voilà toutes les raisons qui font de Liszt un compositeur essentiel dans le développement de notre jeune carrière, pour nous ouvrir vers un répertoire un peu moins confidentiel que celui dans lequel notre duo évolue qui est la mélodie Française. Il nous a paru être un compositeur intéressant à défendre et avons choisi de lui consacrer notre deuxième CD.

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Cyrille Dubois « Révélation artiste lyrique » aux 22èmes Victoires de la musique 2015 est considéré comme l’un des meilleurs ténors français de sa génération. Après son passage au CNSM il découvre une passion pour l’interprétation du Leid et la mélodie dont il est un émissaire recherché. Il a enregistré à l’automne dernier le CD « O Lieb ! » avec Tristan Raës consacré aux mélodies de Liszt chez Aparté et a reçu un diapason d’Or et un CHOC Classica.

Plus d'info - Cyrille Dubois l'invité de France Musique    cliquez ici..

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Goran Filipec

"...le piano et le pianisme que nous connaissons aujourd'hui existent grâce à l'immense envergure de cet homme de génie"l

 

"Parmi les compositeurs, Liszt était toujours celui avec lequel j’arrivais a m’identifier le plus. Il me semble que cette identification avec le compositeur, dont une partie reste énigmatique et irrationnelle, soit pour l' interprète, un fil conducteur important dans la recherche d'une interprétation honnête et valide. 

 

Dans la perspective de l’histoire du piano et du pianisme, il me semble que Liszt était celui qui a contribué le plus à ses développements. Il a révolutionné le piano, selon le modèle du violon de Paganini et il l’ a transformé dans un instrument qui rivalise avec l’orchestre. Son piano assimile et reproduit tous les genres musicaux: l’opéra, le Lied, les œuvres symphoniques, les œuvres pour orgue et va même plus loin en ‘traduisant’ dans son propre langage les œuvres de la littérature, peinture et en assimilant les gestes théâtraux. 

 

Il me semble que nous, pianistes, devons tous énormément à Liszt car le piano et le pianisme que nous connaissons aujourd’hui existent grâce à l’immense envergure d’ esprit de cet homme de génie". 

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"Goran Filipec, pianiste croate, a remporté de nombreux grands prix internationaux dont le Grand Prix International de disque de la Société Franz Liszt de Budapest en rejoignant ainsi l'illustre lignée des lauréats comme Cziffra, Horowitz ou Pollini.  Titulaire d'un doctorat d' interprète de la musique, il apprécie particulièrement les œuvres de grande virtuosité  et joue dans le monde entier. En 2018 il a enregistré 5 CD de pièces  majeures du répertoire de Liszt dans le cadre de la collection Intégrale de Liszt chez Naxos. Goran Filipec est aussi co-fondateur et président de la Société Franz Liszt de Genève"

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Béatrice Berrut

"flâner sur les berges du Lac Léman en rêvant le rencontrer un jour..."

liszt-franz.com Après la sortie de vos albums Métanoïa et Athanor, le fourneau des alchimistes d’où sort la pierre philosophale, les critiques semblent pantois on dit qu’il y a du Brendel, Arrau ou Zimerman dans vos interprétations ; « Vous plongez de manière téméraire et phénoménalement  virtuose dans le monde magique de Franz Liszt. Vous semblez suivre les traces de Dante dans les enfers pour se perdre dans la solitude des montagnes suisses. Pas d’excès d’un romantisme exacerbé mais une puissance dramatique jamais brutale, une polyphonie somptueuse et des contrastes ciselés à la mesure près ». Que d’éloges à votre endroit, qu’en pensez-vous ?

Béatrice Berrut  Je voue effectivement un véritable culte à Franz Liszt, qui en plus d’avoir été un musicien visionnaire, était un homme généreux et bon, qui a beaucoup soutenu ses contemporains (Wagner ou Berlioz pour ne citer qu’eux). Le lieu où j’ai grandi correspond à la Vallée d’Obermann et c’est ainsi que j’ai eu toute mon enfance sous les yeux les paysages qui l’ont tant inspiré. Le bord du Lac Léman a aussi été une terre d’accueil pour lui et je me revois flâner sur ses berges en rêvant le rencontrer un jour.

liszt-franz.com Pourquoi Liszt spécialement ?

Béatrice Berrut  Il m’est difficilement explicable pourquoi sa musique me semble être celle de mon âme. J’ai appris cette année sa sonate en si mineur et il me semblait qu’en l’apprenant, c’étaient des pièces de moi-même que je rassemblais comme une sorte de puzzle et cela m’a permis de trouver une unité en moi-même, une unité que je n’avais jamais soupçonnée avant. J’étais alors basée à Meiningen, lieu où il est également passé et j' ai décidé d’aller lui rendre visite à Bayreuth. Ce fut un grand moment !

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"Liebesträum" / Rêve d'Amour (Dubois/Raës)

Pour écouter cliquer ici.

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Cyrille Dubois L'invité du jour sur France Musique Cliquez ici...

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Réminiscences de Norma (Liszt/Bellini)

Cliquez ici, extrait YouTube...

 

 

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Après une lecture de Dante

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Site Internet

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Philippe André

"Liszt, qui insuffle sa générosité légendaire jusque dans la moindre de ses notes, peut tout nous apporter..."

« Te réfères-tu à l’infini ? »

"Cette question, qui depuis toujours fut celle de C. G. Jung, envahit mon esprit (pour le meilleur et pour le pire) dès que j’eus l’âge de penser un tant soit peu. Jeune pianiste plutôt réfractaire aux doigts ronds, je ne pouvais dès lors que rencontrer Franz Liszt sur mon chaotique chemin d’adolescent. Ce fut, en un premier éclair, à travers les vertigineuses Rhapsodies hongroises interprétées par G. Cziffra ainsi que par les miraculeux enregistrements de France Clidat, mon « amie lointaine » que je porterai à jamais dans mon cœur et qui m’initia, entre autres, aux Années de Pèlerinage. Puis très vite, toute l’œuvre lisztienne - qui tend vers l’apeiron (l’illimité des Grecs anciens) - déferla en moi. Au delà des œuvres pour le piano, sans égales par leur élan vers la transcendance et leurs ultimes visions crépusculaire (Nuages gris...), vinrent la musique symphonique, les lieder (mais oui !), la musique religieuse et son zénith : Christus.

Liszt, qui insuffle sa générosité légendaire jusque dans la moindre de ses notes, peut tout nous apporter, jusque sur des questions morales ou politiques, et à tous les âges de notre vie. Pas un jour sans lui ! Et puis il n’est peut-être pas inintéressant de nommer la constellation suprême dans laquelle il brille pour moi : Bach, Schubert, Schumann, Liszt, Mahler. L’infini, comme le disait Goethe, apporté sur un plateau d’argent et avec les pommes d’or qui vont avec…"

Plus d'info - Luminesciences   cliquez ici..

" Éclectisme  et poésie au service de Franz Liszt,
Philippe André est un homme complet, un multidisciplinaire, à la fois psychiatre, psychanalyste, écrivain, musicien, passionné d' art et de poésie. Il a écrit plusieurs ouvrages concernant quelques génies du XIXème siècle, Schumann, Wagner, Van Gogh et bien sûr Franz Liszt :
Les années de pèlerinage ( 2011 ) - Nuages gris ou le dernier pèlerinage de F Liszt ( 2014 )- Les deux mages de Venise ( 2015) le roman baroque de Liszt et d Wagner, son premier roman dont il a tiré une pièce de théâtre.
Philippe André est aussi un conférencier que nous avons eu le plaisir d' entendre plusieurs fois aux Lisztomanias de Châteauroux. En résumé un interlocuteur d' exception pour nous parler de Franz Liszt.

MÜZA Rubackyté

"Liszt est un personnage extraordinaire... on a l'impression qu'il vit toujours..." 

Muza Rubackyté a participé à l’émission de France Musique « Les grands entretiens » de Rodolphe Bruneau-Boulmier tout au long de la semaine du 22 au 26 avril 2019   https://www.francemusique.fr/emissions/les-grands-entretiens/muza-rubackyte-pianiste-3-5-71264

Voici quelques brefs extraits diffusés le jeudi 25 avril concernant son attachement pour Franz Liszt

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« Franz Liszt c’est en quelque sorte un modèle pour moi à tous points de vue. C’est un personnage extraordinaire, multiple. Je suis tombée amoureuse de Liszt à 11 ans. J’étais une petite fille qui a dit je vais jouer cette Sixième Rapsodie coûte que coûte, même si ma petite main n’est pas encore assez grande pour les octaves.

C’est une personnalité parfaite, Liszt est d’abord extrêmement attirant comme personne, comme homme, homme avec un grand « H ».

C’est quelqu’un qui avait une générosité inouïe, bonté, noblesse, ce qui se reflète dans sa musique, dans sa manière d’être, il reste un exemple, une énigme. On a l’impression qu’il vit toujours parce qu’il a ouvert plein de portes dans les musiques et dans le comportement humain (…)

Liszt reste un personnage absolument merveilleux, positif, éternel extrêmement puissant pour moi ». 

Pianiste franco-lituanienne, elle a créé l’association « LISZtuania ». Elle organise le concours « Lisztofonija » et tous les deux ans en novembre le Vilnius Piano Festival dont elle est la Directrice artistique en partenariat avec la philharmonie de Vilnius.

Michel Dalberto

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Pianiste et chef d'orchestre, professeur au conservatoire CNSMP de Paris, il remporta plusieurs grands concours (Clara Haskil, concours de piano de Leeds). Il  joue avec de grands chefs dans les festivals les plus prestigieux.

Il a enregistré notamment

- Franz Liszt Un piano à l'opéra (paraphrases de Verdi et Wagner)

- Franz Liszt deuxième année de pèlerinage (Italie)

« Si on m’offrait un moyen de voyager dans le temps pour aller à la rencontre d'un compositeur, ce serait lui que je choisirais sans aucune hésitation. Il était si intelligent, si malin. Il était vraiment de son temps puisqu’il a fait exactement ce qu’il fallait, au bon moment. Liszt était ouvert à beaucoup de choses et a su éviter les affres de la folie, qui ont causé la perte de Schumann par exemple. Sa notoriété fantastique à l’époque, s’appuyait sur des choses réelles, pas sur des paillettes ».*

Extrait du dossier France Musique du 18 juillet à propos du festival Radio France Occitanie - Montpellier 2018

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Hélène Grimaud 

 "mettre mes pas dans ceux de cet immense musicien !".

En 2005 cette grande pianiste et écrivaine a publié Leçons particulières (Robert Laffont) elle y fait part à plusieurs reprises de son envoûtement pour Franz Liszt. Que le passage suivant vous incite à lire ce livre lui aussi envoûtant qui se présente comme un voyage initiatique où elle évoque notamment les souffrances, les sacrifices engendrés par ses passions.

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« Sous le soleil de Rome, j’eus brusquement la tentation de mettre mes pas dans ceux de cet immense musicien, de suivre son exemple, son art prodigieux d’avoir vécu intensément, joyeusement, inlassablement -voyages, amours, rencontres. La vie de Liszt vous faisait croire aux contes de fées, à la justice immanente, aux récompenses d’un destin génial et d’une œuvre éclatante. Il a accompli la forme parfaite d’un mouvement unique, sa vie son œuvre dans la même inventivité, et les deux dans le compagnonnage de Dante, mais aussi de Byron, Goethe, Shakespeare ou Raphaël. Et puis Liszt, ce fut aussi le besoin pressant d’une retraite, de solitudes, de recueillement et c’est à Rome, justement, entre le Forum et le Vatican qu’il était venu les chercher, pour assouvir dans cette aspiration sa soif d’être libre – et alors d’être bon ».

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Catherine Joly 

"faire un récital sur Liszt cela ne sera jamais ennuyeux car il est multiforme..." 

J'aime "m'immerger" complètement dans LISZT lors d'un récital. Et cela ne sera jamais ennuyeux car LISZT est "multiforme"!  En effet, c'est sans doute le seul compositeur qui présente autant de facettes différentes : il y a le LISZT romantique, Liszt virtuose, Liszt tzigane, Liszt diabolique, Liszt transcripteur, et Liszt mystique !  Ceux qui ne connaissent que le LISZT virtuose ignorent qu'il est également un immense compositeur de musique religieuse, aussi bien pour piano que pour orchestre et chœurs... A ce titre, je suis particulièrement touchée par ses "Légendes" pleines d'une foi intense, par ses "Années de Pèlerinage", et par ses « Variations » sur la cantate de Bach qui annoncent directement Franck par leur chromatisme douloureux.

LISZT a été d'une générosité extrême en faisant connaître les œuvres de ses prédécesseurs et contemporains grâce à ses géniales transcriptions : il ne trahit jamais l'original, tout en le magnifiant par une étonnante technique d'écriture pianistique, ce qui devient une "recréation"!   J'aime toutes ses transcriptions, de Bach à Wagner (la "Mort d'Isolde" est fascinante) en passant par les Symphonies de Beethoven : jouer "l'Héroïque" en concert avait été pour moi une expérience marquante !

Enfin, LISZT (qui a en somme été le Paganini du clavier) a créé une technique nouvelle pour le piano, dite "transcendante", qui exploite à merveille toutes les possibilités du clavier ; avec lui, on a le sentiment de diriger un orchestre entier en jouant au piano....   C'est aussi l'initiateur de la musique moderne, impressionniste .... et atonale ! Son influence est bien plus considérable qu'on ne peut l'imaginer... Mon admiration pour lui sera toujours renouvelée !

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Philippe André 

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Editions Le Passeur  cliquez ici...

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Wagner transcription de Franz Liszt

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Site Internet

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Vilnius Piano Festival

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Michel Dalberto

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Jeux d’eau à la villa d’Este Medici TV

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Feux follets

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Camille Saint Saëns

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Marguerite Long

Témoignages d'hier 

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Premiers témoignages dont certains sont extraits de la revue Musica  - Edition fac-similé d'octobre 1911 de la Fondation Cziffra - Senlis/Budapest 1986 à l'occasion du centième anniversaire de la mort de Franz Liszt

 Ils ont tous encensé Liszt à un moment de leur vie : Lamennais, Heine, Victor Hugo, Berlioz, George Sand, Chopin, Schumann, Wagner, Baudelaire, Borodine, Saint Saëns, M Long, Bartok, Cziffra...

 

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Camille Saint Saëns (1835 - 1921)

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Pianiste virtuose, organiste, compositeur, Liszt a toujours été un grand admirateur de Camille Saint Saëns et l'a toujours soutenu et encouragé : "le premier organiste du monde dira-t-il de lui".

Comme on peut le lire dans l'extrait suivant, Saint Saëns ne fut pas un ingrat de Liszt, l'admiration fut réciproque.

Saint Saëns fera jouer à ses propres frais plusieurs œuvres de Liszt dont les poèmes symphoniques.

La vie de Camille Saint Saëns présente plusieurs similitudes avec celle de Liszt, sa générosité , son ouverture à l'égard des autres compositeurs, son éclectisme, ses dons de pianiste, d' organiste et de compositeur, ses voyages et même hélas l'échec de sa vie familiale. Sauf que Saint Saëns a connu de son vivant une consécration et un succès presque unanime contrairement à Liszt même s'il eut à souffrir à l'aube du XXème siècle des changements de goût du public pour une autre musique plus moderne (Schonberg, Ravel, Debussy...).

A remarquer que Camille Saint Saëns et Berlioz souffre en France d'une reconnaissance qui n'est pas à la hauteur de leur génie, comme le regrette  Sir Simon Rattle actuel Chef de  l'orchestre symphonique de Londres  après avoir été pendant 14 ans le directeur musical de l'orchestre philharmonique de Berlin.  A l'étranger ils sont bien plus appréciés et bien plus joués. 2019 qui marque le 150ieme

anniversaire de la mort de Berlioz a été l'occasion de nombreuses commémorations  qui n'ont pas réussi à faire entrer Berlioz au Panthéon comme le souhaitaient ses nombreux admirateurs.

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Cliquez ici pour accéder à l'extrait de l'article issu de la revue Musica d'octobre 1911 sur le témoignage de Saint Saëns 

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Marguerite  Long (1874 -1966)

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Marguerite Long (1874-1966) Pianiste de renommée internationale spécialisée dans le répertoire français de l'époque moderne, elle fut aussi une excellente interprète des romantiques. Professeur réputée elle enseigna aux plus grands pianistes de la première moitié du XXème. Elle fut aussi l'amie de Fauré, Debussy, Ravel. Elle créa avec Jacques Thibaud le célèbre concours international Long Thibaud. 

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Cliquez ici pour accéder à l'extrait de l'article issu de la revue Musica d'octobre 1911 sur le témoignage de Marguerite Long 

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Lamennais, Heine,  Berlioz, Schumann,  Baudelaire, Balakirew, Borodine, Saint Saëns 

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La revue Musica nous apporte d'autres témoignages au travers de quelques citations de grandes célébrités qui connurent bien Liszt. Berlioz évoqué plus haut s'en éloignera dans ses vieux jours contestant certaines compositions  de Franz Liszt.

Cliquez ici pour accéder à ces commentaires

Victor Hugo

Victor Hugo  (1802 - 1885)

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Victor Hugo à Franz Liszt :

« Bonjour et merci. Votre lettre est charmante. Je vous aime toujours de tout mon cœur. J’y vois à peine clair pour vous écrire, excusez-moi. Je crois par moment que je deviendrai aveugle ; mais la seule chose qui m’affligerait, quand je pense à vous, ce serait de devenir sourd » .

Juin 1834

 

Lors de notre séjour à Besançon, à l’occasion de la Faust-Symphonie au théâtre Ledoux dirigée par Gergely Madaras et l’orchestre philharmonique Royal de Liège, nous avons eu le plaisir de visiter la maison natale de Victor Hugo et de rappeler les liens entre ces deux amis de toujours, génies contemporains du 19eme siècle 

 Victor Hugo 1802- 1885

 Franz Liszt    1811- 1886

Nous avions déjà évoqué cette relation lors de notre croisière sur le Rhin à propos du tableau de Josef Danhauser illustrant Liszt au piano en communion avec Beethoven et entouré de ceux qui ont beaucoup compté dans sa vie, Paganini, G Sand, Dumas, Rossini, Marie d’Agoult et bien sûr Victor Hugo.

Nous avions eu l’occasion de dire que Victor Hugo ne semblait pas trop apprécier   que l’on mette ses œuvres en musique, n’est-il pas supposé avoir dit :

« Défense de déposer de la musique au pied de mes vers » ?

 Qu’en fut-il avec Liszt ?  Tout d’abord il faut dire qu’il y avait une grande admiration réciproque. Victor Hugo n’avait-il pas surnommé Liszt l’Orphée de Weimar ?

Leur relation remonte à l’époque parisienne de Liszt où il fréquentait assidûment les salons parisiens, notamment celui de Victor Hugo (1827 à 1838).  Voir aussi notre conférence sur Liszt et les salons au Château de La Vérie en Vendée.  Liszt a donné des leçons de piano au célèbre écrivain qui était moins doué en musique qu'en littérature. Ainsi peut-on trouver dans une correspondance à Louise Bertin du 22 mai 1835 :

 « Hugo commence à exécuter avec un doigt d’une manière satisfaisante un extrait de l ´opéra Armide de Gluck grâce aux leçons de piano que lui donnent sa fille et Liszt ». 

Liszt a pu parfaire sa culture musicale en l’ouvrant davantage à la musique romantique et aux musiques du passé, notamment Palestrina, Beethoven qui est resté leur grand champion à tous deux et Schubert, Hugo aimait entendre Liszt jouer sa transcription du Roi des Aulnes.

Victor Hugo ne s’est pas opposé à ce que Liszt dépose de la musique au pied de ses vers ainsi de ses nombreux lieder inspirés des différents poèmes de Victor Hugo, notamment :

Oh quand je dors

S’il est un charmant gazon

Comment disaient-ils

Enfant si j’étais roi

Mais rien ne vaut les grands poèmes symphoniques pour magnifier l’œuvre de Hugo. Ainsi de deux poèmes symphoniques

- Ce qu’on entend sur la montagne (1850 ) d’après un poème des Feuilles  d’automne

- Mazeppa (1851) inspiré d’un des poèmes des Orientales et peut être que tous deux, Victor et Franz furent aussi inspirés par le poème éponyme de Lord Byron que Liszt admirait, antérieur d’une dizaine d’années.

Terminons par une citation de Pascal Bergerault concernant nos deux personnages :

« Outre l’amitié qui a su les unir, il existe entre Victor Hugo et Franz Liszt une grande parenté en matière de création (…) Tous deux traversèrent magistralement leur siècle en le marquant de leur art novateur. L’un, par ses audaces verbales, ouvre des voies nouvelles à la poésie (…). L’autre révolutionne l’art musical du 19eme siècle par sa richesse d’invention qui fait éclater les cadres et bouscule l’harmonie  par son perpétuel questionnement du langage musical qui le conduit à l’ atonalité »

 

Lettre de Liszt écrite à Hugo du 31 mai 1834 alors qu’il était en voyage en Normandie pour des concerts. On peut imaginer que la lettre d' Hugo mise en frontispice de ce petit article était une réponse à celle-ci.

Pour accéder au texte de la lettre du 31 mai 1834 Cliquez ici

mémo de Françoise Quédeville Marmey du 4 oct 2022

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Lettre de Liszt à Victor Hugo du 31 mai 1834

Pour agrandir Cliquez ici

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" toujours des concerts Toujours faire le valet du public(...) quelle fatigue, quel métier ! "

Et pourtant ... Franz Liszt, les amitiés trahies

"le but de ma vie c'est d'être digne en amitié" 

   Liszt ( 1811/1886 )  a traversé les 3/4 du XIXème siècle, ce qui pour l' époque est une belle performance , nombre de compositeurs aussi célèbres n' ont pas eu cette chance *, sillonnant toute l'Europe jusqu'en Orient. Faisant partie de l’aréopage musical, il a rencontré les plus riches, les plus érudits, les plus grands artistes dans toutes les cours et dans les salons les plus cotés. Sa virtuosité, son érudition, son charisme ont fait qu’il a été sollicité, admiré, adulé jusqu'à la folie.  C’est pour lui que le terme de Lisztomania décrivant l’état d’hystérie collective de ses "fans "a été inventé.

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Peu de musiciens compositeurs se sont autant impliqués que lui dans de difficiles batailles pour défendre les chefs d’œuvre du passé et de l’avenir en s’oubliant lui- même. Il demeura jusqu’ à sa mort "un révolutionnaire de l’art, toujours prêt à découvrir le génie des autres". **    

Alors pourquoi autant de trahisons de ceux qui l' ont entouré et qui ont  fait dire à Serge Gut dans son Liszt  " on constatera avec amertume qu' avec Chopin comme avec Berlioz, comme avec Joachim, comme avec Schumann, comme avec bien d' autres, l' amitié a été mal partagée , c' est toujours Liszt qui aime, admire, réconforte, protège et se dévoue sans qu' on ne lui rende la pareille".

Dans la  carrière de Liszt, il faut distinguer deux grandes périodes.
La première, celle du  virtuose prodige de 1823, date de son arrivée en France, à 1847, date de son dernier grand concert public et la deuxième période à partir de 1848, date à laquelle il se fixa à Weimar pour privilégier la composition, fatigué de sa vie de saltimbanque : " toujours des concerts, toujours faire le valet du public(...) quelle fatigue, quel métier ! ". 
Durant le premier quart de siècle, hormis de nombreuses caricatures, il a été difficile de le dénigrer sérieusement dans son métier de virtuose tant il surpassait ses rivaux sans jamais oublier de jouer, de mettre en avant, de transcrire la musique des autres en bon propagandiste qu’il fut. Même si ses transcriptions d’un niveau jamais atteint,  lui seront reprochées plus tard par certains parce que trop nombreuses, elles furent fort utiles pour promouvoir la musique des autres. Il n' existait pas à l' époque d' enregistrement et beaucoup de compositeurs dont Wagner, Berlioz  l' ont sollicité pour ce travail qui permettait de faire connaître leur musique là où elle ne pouvait être jouée qu'au piano.


Les inimitiés qu'il suscita durant la première partie de sa carrière furent plutôt dues à la jalousie. Il irritait par ses succès, les honneurs qu’il recevait, son enrichissement et ses innovations en musique. 
Conscient de son talent, il faisait montre parfois d’un certain orgueil dont il se départit ensuite. Ainsi il déclara à Schlesinger directeur de La Gazette musicale, l’un de ses premiers amis/ennemis, qui lui reprochait notamment de se mettre seul en scène " Ma position n'est pas celle de tout le monde, mon talent et mon ambition non plus...". ***

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Frédéric Chopin une amitié à sens unique

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Dans cette période, seul Chopin et Thalberg pouvaient rivaliser mais, avec ce dernier, Liszt entra en concurrence frontale tandis qu'il devint l'ami de Chopin qu'il admirait et qu’il fréquenta de façon plus intime. Ainsi quelques phrases célèbres de Chopin à l’égard de Liszt « j'aime ma musique quand elle est jouée par Liszt » ou en 1833 parlant de Liszt " je voudrais lui voler la manière de rendre mes propres études." Pourtant cette amitié fut superficielle, distante de la part de Chopin. Malgré la reconnaissance du talent de virtuose de Liszt, il restait sur ses gardes et ne voulait pas reconnaître ses talents de compositeur. Cette jalousie latente va s'exacerber davantage dans le cadre des relations rivales George Sand / Marie d Agoult.

Dès la première brouille en 1839, Chopin prend ses distances avec Liszt et sa jalousie éclatera au grand jour lorsqu’ après le concert qu’il donna le 26 Avril 1841 dans les salons Pleyel, Liszt assurera la critique. Celle-ci fut évidemment excellente mais Chopin en eut un ressentiment négatif, il ne l’apprécia pas ayant eu l’impression d’être annexé par Liszt : " il me fait un beau royaume, mais dans son empire " dit-il au critique Ernest Legouvé. 
Chopin continua à se détacher de Liszt qui ne cessa de l’admirer et de le jouer : "Ce ne fut plus qu’une amitié à sens unique". ****

Après le décès de ce dernier, Liszt publia un livre éponyme à la gloire du compositeur et continua à l’encenser et à le faire travailler par ses élèves jusqu'à la fin de ses jours.


* (Mozart 1756/1791), Schubert (1797/1828 ) Bellini (1801/1835) Mendelssohn (1809/1847) Chopin (1810/1849) Bizet (1838/1875) J.Strauss 1 (1804/1849), Moussorgski (1839/1881).../

** Émile Haraszti « Franz Liszt » édition A & J Picard 1967

*** cité par Jacqueline Bellas Littératures 1965

**** Serge Gut " sur les traces de Franz Liszt" éditions Pistone

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Les trahisons des classiques, la querelle des clans !    

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" Au milieu du chemin de sa vie " Liszt s’installa à Weimar comme Kappelmeister afin de consacrer beaucoup plus de temps à la composition tout en s’investissant dans de multiples activités avec sa légendaire générosité dont il avait déjà fait preuve pendant sa période de virtuose.


À Weimar, il reçut toute l’élite musicale et artistique de l'époque en essayant d'aider ceux qui en avaient  besoin. Financièrement, comme il le fit avec Wagner en puisant sur ses propres deniers ou en assurant leur propagande,  ce qu’il savait fort bien faire et qu’il avait expérimenté pendant sa période de virtuose.

Il fit découvrir maintes œuvres, en les montant et en les dirigeant lui-même malgré l’opposition d'un public souvent hostile, en transcrivant maintes compositions, en donnant des opportunités de carrière grâce à ses relations. Il y poursuivit aussi  une activité de pédagogue exemplaire sans jamais faire payer ses cours et ce,  jusqu’ à la fin de sa vie.
Alors pourquoi fut-il  aussi souvent critiqué, trahi? 

A partir du milieu du XIXème siècle, une véritable guerre de chapelle s’engagea entre les romantiques classiques de Leipzig et les partisans d’une musique plus moderne autour notamment de Schumann qui dirigeait la Neue Zeitschrift für Music . C’est alors qu'arrive Liszt à Weimar qui, avec Berlioz et Wagner vont s’opposer à leur tour aux modernes "timorés" de Leipzig pour promouvoir une musique encore plus innovante, alors que le public était loin d’être assez mûr pour l'accepter. Pendant près de 40 ans, les 2 écoles vont s’opposer. Lutte entre l’école classique de Leipzig/Vienne tenue par Hanslick, qui regroupera notamment les Schumann, Robert et Clara (surtout Clara, Robert étant décédé en 1856), Joseph Joachim, Johannes Brahms et les romantiques  réformateurs au sein la Neue Zeitschrift für Music désormais tenue par Karl Franz Brendel promouvant le clan de Weimar autour de Liszt.

 

 Robert et Clara Schumann    


Au départ les relations avec Schumann furent cordiales, Liszt contribuait à la réputation du compositeur en jouant ses œuvres aussi souvent que possible. Ils s’appréciaient l’un et l’autre et firent cause commune avec Mendelssohn, Chopin, Berlioz, Hiller pour la promotion de la musique moderne contre les conservateurs de Leipzig. Schumann ne présida-t-il pas la Neue Zeitschrift fur Music jusqu’ en 1846, ou découragé et déjà malade, il laissa la place à Franz Brendel, fervent soutien de Liszt et de l’école de Weimar. Le schisme se mit en place sur fond d’une véritable jalousie qui tenaillait depuis longtemps le couple devant le succès considérable de Liszt. Il ne faut pas oublier que Clara était aussi une pianiste virtuose qui se posait en rivale. Et puis il y eut la fameuse réception de Clara Schumann à Dresde en 1848, où Liszt arriva en retard accompagné de Wagner. Au cours de cette soirée, une dispute s'articula autour de Mendelssohn et de Meyerbeer. Schumann et Liszt s’emportèrent et ce dernier partit en claquant la porte, ce qu’il regrettera plus tard. Clara déclara " je ne veux plus jamais entendre parler de lui" et sa haine pour Liszt, quoiqu’ il fit ensuite pour aider le couple, lui tint au corps jusqu' à la fin de ses jours. " je méprise Liszt du plus profond de mon âme "écrira-t-elle.
Le couple s' alliera  avec Brahms et Joachim dans le cadre de la querelle des modernes contre les anciens   pour fustiger Liszt, parangon de l'école de Weimar et lui refuser tout talent de compositeur.

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Quelle fut l’attitude de Liszt à leur égard ? Et bien comme si rien ne s'était passé. Alors qu'il continuait à recevoir des coups de leur part, il fit preuve d’une grande mansuétude en ne cessant de promouvoir la musique de Schumann. A Weimar, Il dirigea notamment les Scènes de Faust, Manfred, monta l’opéra Genoveva.

Lorsque Clara se retrouva seule après le décès de son mari avec 8 enfants à charge, Liszt essaya de faire le maximum pour l'aider en lui donnant notamment des opportunités de jouer en concert, mais rien n’y fit, sa haine restera inextinguible.  " c’était un éminent virtuose du clavier, mais un dangereux exemple pour la jeunesse. (...) En tant que compositeur, il était épouvantable" écrira-t-elle dans son journal au lendemain de la mort de Liszt . *

 On ne saurait parler de la mésalliance du couple Schumann/ Liszt sans évoquer les autres partenaires du clan de Leipzig, Mendelssohn, Brahms, Hiller et surtout Joachim.

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*cité par Alan Walker Liszt

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 Félix Mendelssohn            

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 Les rapports avec Mendelssohn fluctuèrent au cours des années, petite suite de brouilles et de réconciliations.  Comme d'habitude, cela a commencé par une belle amitié, mais Mendelssohn n’appréciait pas la musique de Liszt et le lui fit savoir. Liszt, comme d'habitude, ne tint pas compte de ses jugements négatifs et fit plusieurs transcriptions de la musique de Mendelssohn, le considérant comme un des plus grands compositeurs allemands.

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 Johannes Brahms

 

La force de la haine qu’il éprouvait envers Liszt fut au nombre des points communs qu'il eut avec Clara Schumann.

Ils eurent tout d'abord des rapports cordiaux.  Lorsqu' ils se rencontrèrent, Liszt déchiffra à première vue une composition de Brahms, reconnaissant sa grande qualité. Il l'hébergea 3 semaines en 1853 à l'Altenbourg mais Brahms le romantique classique (von Bülow n'a-t-il pas dit en dirigeant sa symphonie n° 1 que c'était la dixième de Beethoven ?) haïssait Liszt et la nouvelle école de Weimar. C'était un fer de lance du  clan opposé à la musique du futur. Il lança son manifeste contre la musique de l'avenir en 1860 et parlant des compositions de Liszt, il écrivit "la peste se propage toujours plus loin, dure, déprave les oreilles d'âne du public et corrompt la jeunesse". Liszt pour une fois ne semble pas avoir pardonné et ne le joua jamais.

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 Ferdinand Hiller   

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Ferdinand Hiller, pianiste, compositeur, chef d’orchestre, professeur de musique allemand fréquenta Paris de 1829 à 1836 et fut un ami de Liszt pendant cette période parisienne. Émile Haraszti, dans son Franz Liszt,  nous  révèle qu’il fut aussi un soupirant de Marie d'Agoult.
De retour en Allemagne, il s'acharna à démontrer que Liszt était un mauvais compositeur et chef d’orchestre, allant même jusqu'à siffler  outrageusement Liszt lors d' un concert qu' il dirigeait .

 

 

 Joseph Joachim


Joseph Joachim fut un violoniste virtuose. Quand il rencontre Liszt, il a 17 ans et a déjà passé un peu de temps à Leipzig auprès de Schumann et Mendelssohn. Liszt lui proposa un poste de Konzertmeister à Weimar, ce qu’il accepta tout de suite tant il était  heureux de pouvoir travailler avec le Maître  à qui il s’attacha  profondément. N’écrira –t-il pas « ce qui m’attire principalement à Weimar, c’est l’occasion de vivre et de collaborer avec Liszt car plus je le vois et plus je l’aime ». Il aida Liszt à orchestrer ses poèmes symphoniques et ce dernier ne cessa de lui apporter tout son soutien. Amitié  solide, un rapport père/fils jusqu' à ce que Joachim se détacha du Maître de Weimar en le dénigrant  férocement  par derrière et ce  pendant près de 7 ans, avant d'avoir eu le courage  de lui avouer  toute l' aversion qu' il avait pour ses œuvres et de rejoindre le clan opposé de Brahms. Il signa même  le  manifeste de 1860 contre la musique nouvelle (ce qu' il fit avec mauvaise conscience tant il reconnaissait la bonté et la générosité dont Liszt avait fait preuve à son égard). En 1857, il écrira à Liszt  « La persévérance de la bonté pleine de confiance avec laquelle toi, vaste esprit audacieux, tu te penches vers moi, pour me voir intégré au cercle des amis qu’anime ton énergie, me rend quelque peu honteux d’avoir retenu si longtemps ma franchise (…) Aussi ne veux-je pas me taire plus longtemps, je le confesse et l’avoue, (…) je suis complètement inaccessible à ta musique »*. Dans son éternel pardon pour ceux à qui il a accordé son amitié et sa confiance, Liszt répondit "Joachim reste un grand artiste et un noble esprit". C’était une façon de tendre l’autre joue car Joachim va surenchérir  en disant que les œuvres de Liszt n’étaient que "de petites choses chétives ".

​

On ne saurait mieux conclure cette suite d'inimitiés en citant Liszt qui écrivit à Wagner en 1860 : " plusieurs de mes amis assez intimes, Joachim par exemple et autrefois Schumann avec tant d'autres encore se sont montrés très réservés, ombrageux, presque hostiles à mes productions musicales. Je ne leur en veux nullement et ne puis leur rendre la pareille, parce que leurs œuvres n'ont jamais cessé de m'inspirer un intérêt aussi vif que sincère".

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*cité par Alan Walker et Serge Gut
 

 

Les trahisons des amis de l'œuvre d'art de l'avenir

       

Si le ressenti négatif des musiciens que nous venons d’évoquer peut se comprendre s’inscrivant dans une querelle des courants type Hernani matinée d'une certaine jalousie, la trahison de ceux que nous allons voir est plus difficilement compréhensible.  

     

Hector Berlioz

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  Liszt fut un propagateur acharné des œuvres de Berlioz, dès 1830 il eut un coup de foudre pour la Symphonie fantastique  qu'il transcrivit et pour laquelle il se battit. Amitié profonde comme en témoignent les mots doux qu'ils utilisèrent à l’égard l’un de l’autre, ainsi de Berlioz à Liszt " mon cher sublime". Attachement profond de la part de Liszt envers Berlioz dont il ne cessa de promouvoir les œuvres, montant et dirigeant plusieurs de ses opéras à Weimar et cela dura près de 30 ans. Mais Berlioz devint jaloux de l’amitié et du soutien que Liszt portait à Wagner. Ajoutés à cela les insuccès de Berlioz, qui le rendaient de plus en plus aigri et ses problèmes de santé qui l’incitèrent à se replier sur lui-même. Il se mit alors à ne plus supporter les audaces harmoniques de Liszt et, jaloux, commença lui aussi à nier ses talents de compositeur. N’écrira-t-il pas en 1866 à propos de la messe de Gran :" hier on a donné à St Eustache la Messe de Liszt. Il y avait une foule immense. Mais, hélas quelle négation de l’art !" Liszt en fut très meurtri mais comme d’habitude,  il pardonna et continua jusqu’ au bout à admirer le génie de Berlioz

" Ma profonde conviction pour le génie de Berlioz demeure intacte..." 
"Quoique Berlioz m' ait tristement renié en 1866 à Paris, j' affirme constamment mon admiration pour son génie " écrira-t-il à la princesse Sayn-Wittgenstein.


Joseph d'Ortigue

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 Ami écrivain et biographe du Liszt virtuose, il  s'acoquina avec Berlioz pour le saborder. Serge Gut cite cette phrase de Liszt toujours meurtri, qui écrivit à la princesse le 2 avril 1886 quelques mois avant sa mort et après l’exécution de la messe de Gran à Saint Eustache de Paris qui eut un énorme succès ; « À midi, deuxième  exécution de la messe de Gran désormais réhabilitée, malgré l'opinion contraire de Berlioz en 66, et de son scribe d'Ortigue, bon catholique et mon ami de jeunesse ! ».
 


 

 Richard Wagner   


Liszt apprécie Rienzi dès 1844, mais c’est surtout à partir de 1848 que les deux compositeurs s’engagent dans une relation forte. Cette année, Liszt dirige le Tannhäuser à Weimar. L'année suivante, Wagner,   inculpé lors de l'insurrection de Dresde (épisode du Printemps des peuples) et recherché par la police, est hébergé à l’Altenbourg chez Liszt qui le couvre jusqu' en Suisse. Ce dernier n'a cessé de le soutenir financièrement, Wagner était dépensier et réclamait souvent (voir la correspondance Liszt/ Wagner), il n'a cessé de le promouvoir, de jouer ses œuvres notamment lorsqu'il était à Weimar, de les transcrire pour les faire connaître, d'être son chantre en tous lieux et en toutes circonstances. Admirateur inconditionnel, acceptant tout de Wagner même parfois de se faire dépouiller musicalement.
Leur amitié a tenu malgré de longues périodes où ils ne se voyaient pas, malgré l' inimitié de la princesse Sayn-Wittgenstein à l' égard de Wagner, surtout quand celui-ci prit pour maîtresse puis épousa Cosima la propre fille de Liszt, déjà mariée à von Bülow.  Amitié brisée mais suivie d'une réconciliation en 1872. Wagner en 1876 reconnaîtra toute l' aide  que Liszt lui a apportée en portant  un toast à son ami et désormais beau-père : "Ici se trouve celui qui, le premier m' a soutenu de sa foi(....) et sans lequel vous n' auriez peut être aujourd'hui entendu aucune note de moi, mon cher ami Franz Liszt. "
Wagner appréciait certaines œuvres de Liszt mais il était certes moins dithyrambique que Liszt  ne l' était à son égard . C'est en lisant le journal que tenait Cosima Wagner que nous voyons la double face de Wagner affectant en réalité un certain mépris pour l’œuvre de son beau-père. Il n'appréciait pas trop les Poèmes symphoniques ni la musique religieuse de Liszt (Wagner l’agnostique Liszt le croyant catholique) ni ses œuvres de vieillesse. Dans son journal, à Cosima qui lui demandait ce qu'il pensait du délicat et très innovant « Weihnachtsbaum » (l’arbre de Noël)* que Liszt avait dédié à sa petite fille Daniela von Bülow. Il répondit laconiquement "ce serait trop cruel ". Cosima n'a jamais bien défendu son père, préférant son mari qui, disait-elle, était le seul à l'avoir aimée. Elle a souvent évoqué dans ses écrits la jalousie dont Wagner ne s'était jamais départi à l’égard de son père. Wagner ne pouvait admirer que le pianiste. De la part de Wagner, ce n’est pas étonnant, contrairement à Liszt qui est toujours resté trop modeste à l’égard de ses propres œuvres, ce que reconnaissait Cosima dans son journal, voire complexé, Wagner n’a quasiment jamais douté de lui et n’a jamais hésité à détruire ses relations dans le monde musical lorsqu’ elles lui faisaient de l’ombre. Ainsi de Meyerbeer qui l'a pourtant aidé sans compter et qu'il n’a pas hésité à assassiner avec la plus grande férocité**.

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Pourtant Wagner a beaucoup emprunté à Liszt. Comme d’habitude, ce dernier ne lui en voulut pas et continua à encenser son génie alors qu’il savait que Wagner le dénigrait. Un jour que Wagner lui disait que pour sa Walkyrie il avait volé un de ses motifs, Liszt répondît, "tant mieux au moins ma musique sera jouée" ou lorsque on lui fit remarquer que  Wagner lui avait emprunté le fameux accord de Tristan, il répondit "que m' importe d’être copié par un génie".


*voir dans l'onglet "œuvres musicales" la pièce intitulée le carillon extraite de l'Arbre de Noël ²Weihnachtsbaum" à comparer avec la composition minimaliste de Philip Glass "Music with Changing Parts", premières minutes. Quelle contemporanéité !  Du Philip Glass avant la date.

Cliquez sur ce lien 

** cliquez sur ce lien pour accéder à la conférence de Yaël Hêche, Cercle Wagner de Lyon "Wagner face à Meyerbeer"


 Hans von Bülow 


Encore un surdoué que Liszt aida dans sa vocation de pianiste virtuose et chef d'orchestre, et prit sous son aile pendant de nombreuses années " mon protecteur et Maître Liszt" disait-il. Liszt en fit un excellent pianiste et le lança dans la carrière. Fervent adepte de la musique du futur, il travailla aussi beaucoup pour Wagner.  Il devint le gendre de Liszt puisqu' il épousa Cosima sa fille. Liszt le considérait comme son fils et son successeur. Il l'aida même à dépasser sa dépression lorsque sa fille le quitta pour Wagner. Néanmoins à partir de 1876, von Bülow commence à se détacher de Liszt et à le critiquer. Il dira de son ex beau-père" il est toujours le merveilleux enchanteur d’autrefois, (...) mais je ne suis pas capable de le suivre dans ses métamorphoses de Protée, je le trouve franchement inquiétant- il m'est devenu totalement étranger ".  Liszt, pourtant très peiné de sa désaffection continue à l’aimer aussi chaleureusement que par le passé et lui trouve des circonstances atténuantes dans ses maladies, ses dépressions. En fait von Bülow s'était rapproché du courant classique de Leipzig et plus particulièrement de Brahms, qui haïssait Liszt. Le coup de grâce fut donné un mois après la mort de Liszt, il écrivit : " j'ai parcouru à nouveau La Dante Symphonie qui a provoqué en moi une grimace à la Joachim. Il y a de quoi se pendre (...) oh pauvre imbécile que j'ai été pendant un quart de siècle - quelle énorme désillusion ! Au diable la non -musique, toute anti- musique " *.

Bülow n'avait pas un caractère facile, très peu diplomate, à la dent dure , n'a-t-il pas accusé Verdi de corrompre le goût artistique en Italie !

*cité par Richard du Moulin Eckart dans son livre Hans von Bülow)
Autres cercles, autres inimitiés 

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Honoré de Balzac


Balzac et Liszt furent amis et se fréquentèrent. Balzac appréciait ses talents de pianiste :" je l'aime beaucoup et trouve son talent sublime comme celui de Chopin et celui de Paganini ". Néanmoins son personnage l'irritait profondément, comme on peut le lire dans les lettres envoyées à Mme Hanska. Il pasticha son couple avec Marie d'Agoult dans Béatrix, faisant un portrait à charge de Liszt dans le personnage de Gennaro Conti, Mme de Rochefide étant Marie d'Agoult. Franz comme d'habitude refusa de se voir dans ce portrait satirique et voulut éviter de se fâcher avec Balzac. On dit que c' est George Sand qui aurait soufflé à Balzac les grandes lignes des deux personnages du roman.
Peut-on dans le cas de Balzac se rapprocher de la thèse de Sylvie Delaigue Moins dans son livre Franz Liszt et George Sand * ? Elle montre, au travers des lettres envoyées à Mme Hanska un Balzac jaloux du charismatique Liszt d'autant que Mme Hanska se disait subjuguée par le personnage.

 

*cité par Sylvie Delaigue-Moins, Franz Liszt et Georges Sand Edition Lancosme 2000

George Sand


Il est indéniable qu’elle fut amoureuse de Liszt qui lui préféra Marie d’Agoult . Jalouse de l’écrivaine, cette dernière contribua à gâter leurs bonnes relations malgré tous les efforts de Liszt pour tempérer les échanges pleins d’acrimonie de sa compagne. Après sa rupture avec Marie, Liszt fit de son mieux pour se réconcilier avec George et l’assurer de son attachement. Il la félicita à chacune de ses nouvelles œuvres. Mais elle ne répondait pas à ses lettres, lançant de temps en temps quelques piques comme « je n’aime pas plus Liszt que les épinards ». 
En 1844, Liszt écrira à G Sand:" croyez bien que le souvenir de votre amitié est resté profond dans mon cœur et que les jours passés ensemble y ont laissé de nobles et sérieuses traces " . Mais là encore, ce fut à sens unique, l’écrivaine ne répondit jamais. Néanmoins elle ferait amende honorable bien plus tard en écrivant à Pauline Viardot :  " certes il avait en lui un monde de belles idées et de bons sentiments. Il s’est égaré quelques temps dans les riens et les vanités. Mais une si belle nature devait retrouver sa route. Si vous lui écrivez, dites-lui que je l’aime toujours"*. Pour Liszt c’était peut-être trop tard et c 'est avec un certain humour qu’il épinglera  la vie amoureuse de G Sand  :
" Elle engluait un papillon et l' apprivoisait dans sa boîte, en lui donnant des herbes et des fleurs,- c'était la  période de l' amour , puis elle le piquait avec son épingle, alors qu' il se débattait,- c'était le congé venant toujours de sa part. Alors elle en faisait la vivisection et l’empaillait pour la collection de héros de roman. C’est ce trafic des âmes qui s’étaient données à elle sans réserve qui m’a finalement dégoûté de son amitié."

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*cité par Sylvie Delaigue-Moins, Franz Liszt et Georges Sand Edition Lancosme 2000

 

Liszt, un roi Lear Don Quichotte ?

 

 

 En résumé, on pourrait dire que les trahisons se sont cristallisées autour de l'opposition à ses compositions sur un fond de querelle romantique à la Hernani, le tout mâtiné d'un peu de jalousie à l'égard d'un pianiste virtuose que l’on n’avait pas envie de voir sortir de sa boîte. Emile Haraszti dans son livre Liszt mentionne  « Ce n'est qu'à la fin des années 70 que Paris consentit à le considérer comme un compositeur. Car jusque-là, selon le mot d'un spirituel musicien, Liszt compositeur égalait Thiers astronome ou Ingres violoniste ! » *.

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Liszt avait évidemment conscience que sa musique dérangeait et que pour calmer  le jeu , il aurait pu composer différemment, ainsi il écrivit en 1860 " Si  lors de ma fixation ici en 48 (à Weimar) j' avais voulu me rattacher au parti posthume en  musique, (...) rien ne m' était plus facile (...) j' y aurai certainement gagné en considérations et agréments : les mêmes journaux qui ont pris à charge de me dire force sottises et injures m' auraient vanté et célébré à l' envi, sans que je me donne grand peine pour cela (...) Mais tel ne devait pas être mon lot; ma conviction était trop sincère , ma foi  dans le présent et l' avenir de l' art trop ardente ".

Ainsi, roi Lear en Don Quichotte, même trahi il resta fidèle à ses préceptes et à l'œuvre d'art de l'avenir. 


 

Pourtant les trahisons répétées et la remise en cause de son talent de compositeur ont fini par l'affecter profondément. Elles contribuèrent à aggraver son état dépressif, le démoralisèrent à un point tel qu'il finit par perdre confiance en lui et à aller dans le sens d'une sévère et dommageable autocritique. ** Il s'effaça devant ceux qu’il admirait et se désavoua tant que maints critiques et musiciens surenchérirent en ce sens. Même après sa mort, plusieurs critiques musicaux ont poursuivi ce "bashing" à l'égard de ses compositions les plus innovantes jusqu'à aujourd'hui.

Or nous savons que celui qui fait l’objet de "bashing " (pour utiliser un anglicisme à la mode ), à force d’être critiqué, noirci, méprisé ne s'en sort pas indemne et qu'il se produit psychologiquement un phénomène de rejet très préjudiciable à l'égard de celui qui est vilipendé. Les aspects positifs sont totalement occultés, le négatif s'auto-nourrit et devient seul visible. Liszt est resté "entaché " de cette mauvaise image pendant plusieurs décennies et même encore aujourd'hui, si ses œuvres pour piano sont universellement reconnues et jouées par tous les pianistes du monde, ses œuvres symphoniques et religieuses  restent encore sous estimées, victimes de ce dénigrement du XIXème siècle.

Pourtant quand on examine les critiques du XIXème à l’égard de ses compositions, on s'aperçoit qu'elles sont essentiellement tournées vers des œuvres qui sont considérées aujourd'hui comme des incontournables de la musique romantique. Pour ne citer que les exemples les plus connus :

Sonate en si mineur, Faust symphonie, Dante symphonie, les poèmes symphoniques, l’oratorio Christus, La messe de Gran ... pièces novatrices qui ont été rejetées parce que d'avant-garde, pièces impressionnistes qui annonçaient la musique du XXème siècle. Qu'eut été la réaction de tous ceux de l'école romantique classique, des conservateurs autour de Hanslick à l’écoute des musiques qui vont arriver moins d'une dizaine d'années après le décès de Liszt, celles de Janacek, Debussy, Scott Joplin, Scriabine, Schoenberg , Ravel...

Heureusement il eut beaucoup d’admirateurs et d’inconditionnels qui lui furent fidèles jusqu' au bout et même des opposants qui devinrent plus tard des fidèles comme Busoni, Richard Strauss, Bartok qui dira que Liszt était le vrai père de la musique moderne, ...

Il eut beaucoup de critiques musicaux qui lui furent favorables, Legouvé, Pohl et la plupart de ses élèves constituèrent  un soutien indéfectible, Brendel, Jael, Bronsard, Klindworth... Il eut aussi de solides amitiés en dehors de la musique, Lamartine, Baudelaire, Michelet, Victor Hugo qui lui écrivait de son exil " le proscrit de Jersey serre la main à l’Orphée de Weimar "

Quant aux autres musiciens partisans, de son vivant, ils furent bien plus nombreux que ses détracteurs. Rossini, Gounod, Pauline Viardot, Franck, Smetana, Borodine, Saint-Saëns, Moussorgski, Massenet, Gabriel Fauré, Debussy, Richard Strauss ... même s’ils n’aimèrent pas tout de Liszt, ce qui est normal, son œuvre étant  immense et protéiforme***, apprécièrent hautement ses compositions.

 Le dernier mot à celui que Liszt a le plus admiré et le plus défendu, Wagner qui écrivit en 1849 :  "Est- il trop aimant et fait-il, comme Jésus sur La Croix, le sauveur de tous qui ne veut pas se sauver lui-même ? ".

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Françoise Quédeville Marmey

 

*Émile Haraszti Franz Liszt édition Picard 1967

** Revue Musica octobre 1911

*** On peut estimer à plus  de 130 CD l’enregistrement de l'intégralité des œuvres de Liszt, ce qui implique des pages sans grande importance comme chez tous les compositeurs qui laissèrent une œuvre immense à commencer par Mozart.

 Pour rappel, estimation faite en nombre de CD; Mozart 170, Bach 130, Beethoven 85, Schubert 69, Brahms 60, Schumann 45, Chopin 30, Berlioz 27 et Wagner 43 pour ses opéras.

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Sources bibliographiques  

Alan Walker Liszt tome 1 et 2  éditions Fayard
Serge Gut Liszt  éditions de Fallois
Émile Haraszti Franz Liszt Éditions À et J Picard  1967
Sylvie Delaigue-Moins  Franz Liszt et George Sand éditions Lancosme
Correspondance Franz Liszt Richard Wagner Gallimard 2013
Serge Gut sur les traces de Franz Liszt Éditions Pistone
Balzac Béatrix Folio Classique
Roland de Candé La vie selon Franz Liszt éditions du Seuil
Alain Gallimard Franz Liszt et l' espérance du Bon Larron édition Fayard
Nicolas Dufétel, Franz Liszt Tout le ciel en musique éditeur Le passeur

Le Journal de Cosima Wagner, tome quatre Gallimard

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George Sand

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Franz Liszt avec Marie d'Agoult, Georges Sand, Alexandre Dumas (père), Victor Hugo, Paganini, Rossini... et le buste de Beethoven sur le piano

Richard Wagner et Franz Liszt

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